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CHAPITRE V

DANS LE TRAIN D’OAKLAND


À huit heures, l’harmonie Al Vista joua le Home, Sweet Home, et, malgré la ruée qui se produisit au crépuscule vers le train d’excursion, notre quatuor réussit à s’assurer des doubles sièges en vis-à-vis. Lorsque les corridors et plates-formes furent bondés d’une foule en gaîté, le train démarra pour le bref trajet des faubourgs à Oakland. Le wagon résonna à la fois d’une vingtaine de chants différents. Bert, la tête appuyée sur la poitrine de Marie, et ceinturé de ses bras, entonna Aux rives du Wabash : il chanta cet air d’un bout à l’autre, sans se laisser troubler par le tumulte de deux batailles engagées, l’une sur la plate-forme voisine, l’autre à l’extrémité opposée du wagon ; la police spéciale vint à bout de les apaiser, au milieu des hurlements de femmes et d’un fracas de vitres.

Billy débita les nombreux et lugubres couplets d’une complainte de vacher dont le refrain exprimait ce vœu :

Je désire qu’on m’enterre
Dans la prairie solitaire.

— Vous n’aviez jamais entendu celle-là : c’était la chanson favorite de mon père, déclara-t-il à Saxonne, charmée qu’elle fût finie.

Elle venait de découvrir son premier point faible : il