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— Oh ! cria-t-il, venez voir ma trouvaille !

Ils le rejoignirent au bord d’un fossé à sec, au fond duquel deux hommes, épaves de la bagarre, se cramponnaient l’un à l’autre, obstinés à se battre. Ils pleuraient d’épuisement et d’impuissance, et se décochaient, par saccades, d’inoffensives tapes à main ouverte.

— Hardi ! camarade, jette-lui du sable dans les yeux ! conseilla Bert. Aveugle-le et tu l’auras.

— Halte-là ! cria Billy à l’homme qui se mettait en mesure de suivre ce perfide avis. Arrêtez ou je descends moi-même vous rosser. Tout est réglé, entendez-vous ? L’affaire est terminée et tout le monde d’accord. Serrez-vous la pince et signez la paix. Vous paierez la tournée entre vous deux. C’est cela ; maintenant tendez un bras, que je vous tire de là.

Ils les quittèrent en train d’échanger des poignées de mains et de s’épousseter mutuellement.

— Ce sera bientôt fini, dit Billy à Saxonne en souriant. Je les connais. La bataille est un amusement pour eux, et cette rixe sera le gros succès de la journée. Que vous disais-je ? Regardez cette table.

Un groupe d’hommes et de femmes, échevelés et encore tout pantelants, se serraient les mains à la ronde.

— Allons danser, suggéra Marie, les entraînant dans la direction du pavillon.

Dans toute l’étendue du parc les maçons, naguère ennemis, se réconciliaient avec force accolades, et les bars en plein air étaient assaillis de clients altérés.

Saxonne marchait tout près de Billy. Elle était fière de lui. Il savait se battre et éviter les querelles. Dans toute l’affaire il s’était ingénié à leur épargner des ennuis, et avait songé avant tout à la sécurité des deux femmes.

— Vous êtes brave, lui dit-elle.

— Bah ! dit-il en atténuation. Il n’y a pas plus de mérite qu’à voler du sucre candi à un bébé. Ce sont des corps-à-corps de lourdauds qui ne savent pas boxer. Ils se découvrent tout le temps et il n’y a qu’à leur rentrer