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et sa clameur n’avait d’autre but que d’appeler le clan à son secours.

— Oh ! ferme ça, vieille hallebarde ! vociféra Bert, essayant de l’entraîner par les épaules.

La manœuvre n’eut d’autre résultat que d’imprimer au quatuor un fort roulis et tangage, tandis que la mégère prolongeait son hurlement. Il s’y mêla une note de triomphe au moment où de nouveaux craquements se firent entendre dans les broussailles.

Saxonne vit les yeux mornes de Billy devenir tout à coup durs et luisants comme de l’acier : elle s’aperçut en même temps qu’il resserrait les poings. La femme lâcha Marie et fut repoussée à l’écart. Le premier homme de renfort arrivait sur eux. Il ne s’arrêta pas à s’enquérir du bien-fondé de l’affaire ; il lui suffisait de voir sa compatriote chanceler encore sous la poussée, et de l’entendre clamer une douleur copieusement exagérée.

— Il y a erreur ! cria vivement Billy. Nous nous excusons, vieux…

L’Irlandais lança un swing formidable. Billy l’esquiva, coupant court à ses explications, et tandis que le poing passait comme un marteau au-dessus de sa tête, lui-même projeta son poing gauche sur la mâchoire de l’assaillant. Le gros Irlandais s’écroula de côté et s’aplatit au bord de la pente. À demi-relevé, avant d’avoir repris son équilibre, il fut atteint par le poing de Bert, et, cette fois, dégringola, malgré ses vains efforts pour se raccrocher à l’herbe courte et sèche.

Bert était redoutable.

— Prends ça pour ta part, la vieille, avec mes compliments ! cria-t-il en poussant la femme par-dessus le bord de la descente traîtresse, au moment où trois autres hommes émergeaient des broussailles.

Pendant ce temps, Billy avait placé Saxonne à l’abri derrière la table de pique-nique. Marie, affolée, ayant manifesté l’intention de s’accrocher à lui, il la fit glisser à travers la table jusque dans les bras de sa compagne.