Page:London - Le Tourbillon, trad Postif, 1926.djvu/45

Cette page a été validée par deux contributeurs.

vaillamment un assaut redoutable jusqu’au moment où la frêle construction s’écroula tout entière en menus fragments.

— Que fait donc cette femme ? demanda Saxonne, attirant l’attention sur une vieille assise au-dessous d’eux sur la piste, en train de se déchausser d’un soulier élastique de généreuses dimensions.

— Elle va nager, gloussa Bert, la voyant retirer son bas.

Ils l’observèrent, fascinés. Elle remit son soulier à même le pied nu. Puis elle glissa dans son bas une pierre de la grosseur du poignet, et faisant tournoyer cette arme antique et redoutable, elle pénétra lourdement dans la mêlée la plus voisine.

— Oh ! Oh ! criait Bert à chaque coup qu’elle assénait. Hé ! vieux fanfaron, attention ! Qu’est-ce que tu vas prendre pour ton rhume ! Oh ! Oh ! Merveilleux ! Avez-vous vu ça ? Hourrah pour la vieille dame ! Regardez-la taper dans le tas à tour de bras ! Attention, la mère ! Ah-h-h !

Sa voix mourut comme à regret, tandis que la sorcière au pied nu, saisie aux cheveux par une autre Amazone, tournoyait dans un demi-cercle vertigineux.

En vain Marie se cramponnait au bras de Bert, le secouant d’avant en arrière et l’accablant de remontrances.

— Ne peux-tu pas être raisonnable ? C’est effrayant, je te dis que c’est horrible !

Mais Bert ne pouvait se contenir.

— Vas-y, la vieille, encourageait-il. Tu les as ! Je suis ton homme à chaque coup ! Voilà l’occasion ! Vlan ! Merveilleux ! Superbe !

— C’est la plus belle salade que j’aie jamais vue, confia Billy à Saxonne. Il n’y a que des Irlandais pour en remuer une pareille. Mais pourquoi diable ce gommeux a-t-il fait ça ? Voilà ce qui me taquine. Ce n’était pas un maçon, ni même un ouvrier, mais un simple et authen-