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tuaient une centaine de coureurs altérés de vengeance.

— C’est dommage de manquer la suite, dit Billy. Regardez-le courir !

Bert était transporté. Il ne cessait de sauter et de crier.

— Regardez-les, regardez-les !

Le clan d’Oakland était insulté. Deux fois il avait vu son favori écarté de la course. Ce dernier coup n’était qu’une nouvelle vilenie des « San-Francisco ». Oakland serra ses poings charnus et bondit sur son ennemi pour en boire le sang. Mais San-Francisco, conscient de son innocence, se sentit également disposé à en venir aux mains. Être accusé d’un pareil crime n’était pas moins monstrueux que de l’avoir commis. En outre, depuis deux mortelles heures, les Irlandais refrénaient héroïquement leurs instincts. Cinq mille gaillards firent explosion en une joyeuse échauffourée et les femmes y prirent part. Tout l’amphithéâtre fut empli de la conflagration. Il y eut des ralliements et des retraites, des charges et des contre-attaques. Les groupes les plus faibles reculèrent en combattant vers les collines. D’autres, vaincus, se dispersèrent parmi les arbres pour continuer une lutte de guérillas, émergeant en élans soudains pour accabler les adversaires isolés. Une demi-douzaine d’hommes de la police spéciale, engagés par la Direction du Weasel-Park, reçurent de l’un et l’autre camp une impartiale distribution de horions.

— Pas moyen de s’entendre avec un agent de police, lança Bert, tamponnant du mouchoir son oreille écorchée, qui saignait toujours.

Les broussailles craquèrent derrière lui, et il se jeta de côté pour laisser rouler les formes enlacées de deux hommes qui dévalaient en culbutes successives la pente de la colline, chacun cognant à son tour quand il se trouvait par-dessus ; ils étaient suivis de près par une femme hurlante, qui tambourinait d’une grêle de coups l’homme évidemment étranger à son clan.

Les juges, au second étage de leur tribune, soutinrent