les bras pour réclamer le silence. Les vociférations de colère s’apaisèrent peu à peu.
— Les juges, proclama-t-il, ont décidé qu’en ce jour de fraternité et de bonne camaraderie…
— Très bien, très bien ! applaudirent ceux dont les têtes étaient moins échauffées. Ça, c’est bien parler ! Pas de batailles ! Que tout le monde soit d’accord !
— En conséquence, les juges ont décidé de présenter une nouvelle bourse de vingt-cinq dollars et de faire recommencer la course.
La voix de l’aboyeur redevint perceptible.
— Et Tim ? rugirent une centaine de voix. Qu’est-ce que vous faites de Tim ? Il a été volé ! Les juges sont achetés !
D’un nouveau geste, le crieur apaisa le tumulte :
— Les juges ont en outre décidé, pour éviter toute discussion, que Timothey Mc Manus pourra courir aussi. S’il gagne, la somme lui appartiendra.
— N’y a-t-il pas de quoi être énervé ? gronda Billy avec dégoût. Si Tim est éligible maintenant, il l’était la première fois ; et s’il l’était, l’argent lui appartenait.
— Le rouquin va s’en faire crever, ce coup-ci, jubila Bert.
— Et Tim aussi, riposta Billy. Tu peux parier qu’il est furieux, et qu’il se surmènera au lieu de se ménager comme tout à l’heure.
Un autre quart d’heure se passa à faire évacuer la piste par la foule excitée. Cette fois Tim et le rouquin furent seuls à prendre le départ ; les trois autres avaient abandonné la lutte.
Le bond que fit Tim, au coup de revolver, lui donna une avance d’un bon mètre.
— Je crois bien que c’est un professionnel, après tout, remarqua Billy. Regardez-le filer !
Au demi-cercle, Tim était en avance de cinquante pieds, et, continuant à courir du même train, il arriva en vue du but avec la certitude de gagner comme dans un