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tous l’air bons. Ce sera probablement le meilleur qui sera le gagnant.

Le coup de feu partit, et les cinq coureurs s’élancèrent. Trois furent distancés dès le début. Le rouquin tenait la tête, suivi d’un jeune homme à cheveux noirs collé à son épaule, et il était évident que la course serait disputée entre ces deux-là. À moitié du parcours, le brun prit les devants dans un élan qui devait durer jusqu’à la fin. Il gagna dix pieds, et le rouquin ne put rattraper un pouce de cette distance.

— Ce garçon-là file comme un trait, commenta Billy, et encore il ne fournit pas tout son effort, tandis que le rouquin se crève à le suivre.

Toujours à dix pieds en avant, le jeune homme aux cheveux noirs emporta le ruban dans un tintamarre d’applaudissements. Cependant on pouvait distinguer des protestations véhémentes. Bert ne se sentait plus de joie.

— Hum ! faisait-il en regardant de tous ses yeux. Frisco est en rogne. Attention au feu d’artifice maintenant ! Regardez : on conteste sa victoire. Les juges refusent de lui donner l’argent. Et il a tout un clan derrière lui. Oh, oh, oh ! Jamais je n’ai tant rigolé depuis que ma vieille s’est cassé la jambe !

— Pourquoi ne veut-on pas le payer, Billy, demanda Saxonne. Il a gagné.

— Le clan de San-Francisco veut le disqualifier comme professionnel, expliqua Billy. C’est pour cela qu’ils rouspètent. Mais ce n’est pas juste. Ils ont tous couru pour cet argent-là, et par conséquent ils sont tous professionnels.

La foule déferlait, discutait et rugissait devant la tribune des juges. C’était une construction chancelante composée de deux étages dont le second était ouvert par devant, et c’est là qu’on voyait les juges se débattre avec autant de passion que les gens d’en bas.