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— Il faut nous tirer d’ici, dit Billy, la farce ne fait que commencer.

— Oh ! attendez ! supplia Bert. Ça vaut huit dollars, ça vaut n’importe quel prix. Je n’avais pas vu tant d’yeux pochés et de nez en sang depuis une trentaine de dimanches.

— Eh bien ! retourne t’amuser, conseilla Billy. Je vais mener ces dames sur le flanc de la colline d’où l’on peut tout voir. Mais je ne donnerais pas cher de ta bonne mine si un de ces enfants d’Erin te tombe sur le poil.

Cependant le tumulte s’apaisa en un rien de temps, car de la tribune des juges, au bord de la piste, l’aboyeur annonçait le départ de la course de garçons. Bert, désappointé, accompagna Billy et les deux jeunes filles sur le coteau.

Il y avait des courses de garçons et de filles, de femmes jeunes et vieilles, d’obèses des deux sexes, de couples liés par une jambe, ainsi que des courses en sac. Les concurrents se démenaient sur la petite piste au milieu des applaudissements de leurs partisans en démence. Le jeu de la corde était déjà oublié, et la bonne humeur rétablie.

Cinq jeunes gens posèrent leurs orteils sur la barre tracée à la craie ; courbés et touchant le sol du bout des doigts, ils attendaient le coup de revolver du départ. Trois d’entre eux étaient en chaussettes, les deux autres en souliers de course à pointes.

— Course de jeunes gens, lut Bert dans le programme.Prix unique de vingt-cinq dollars. Regardez le rouquin avec des sandales à pointes, le second de la rangée. Ceux de San-Francisco veulent à toute force le voir gagner. C’est leur champion, et une quantité de paris sont engagés.

— Qui est-ce qui gagnera ? demanda Marie, confiante en la science athlétique de Billy.

— Comment puis-je savoir ? répondit ce dernier. Je n’ai jamais vu aucun d’eux jusqu’à ce jour. Ils m’ont