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effort fantastique pour se retourner, mais les corps voisins le bloquaient comme dans un étau.

— Je me charge de vous casser votre vilain portrait dans une minute, annonça-t-il d’une voix épaissie par la colère.

Mais sa propre figure se transforma tout à coup. Son rictus se modela en sourire, et dans ses yeux l’irritation fit place à de la bienveillance.

— Alors, vous voilà ! dit-il. Je ne savais pas que c’était vous qui poussiez. Je vous ai vu rosser le terrible Suédois, bien que vous ayez été volé par la décision des arbitres.

— Non, camarade, vous n’avez rien vu de tel, répondit plaisamment Billy. Vous m’avez vu prendre une bonne raclée ce soir-là. La décision était juste.

L’Irlandais rayonnait. Il avait essayé un mensonge flatteur, et la franche riposte ne faisait que stimuler son culte du héros.

— Pour sûr, vous avez été salement battu, reconnut-il, mais vous avez montré la ténacité d’une nichée de chats sauvages. Dès que je pourrai dévisser mon bras je veux vous serrer la pince et vous aider à dégager la demoiselle.

Frustré dans ses efforts pour repousser la foule, l’arbitre tira son coup de revolver en l’air, et le tiraillement du câble commença. Ce signal déchaîna tous les démons de l’enfer. Saxonne, protégée par deux mâles solides, était en assez bonne place pour voir une partie du jeu. Les hommes à la corde tiraient et se raidissaient en efforts qui empourpraient leurs visages et faisaient craquer leurs jointures. La corde était neuve, et comme leurs doigts glissaient, leurs femmes et leurs filles s’élancèrent, ramassant la terre à pleines mains et la versant sur le câble et sur les poings des athlètes pour assurer leur prise.

Une grosse mère, emportée par la passion de la lutte, saisit la corde et se mit à tirer à côté de son mari, en l’encourageant de cris perçants. Un commissaire du