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ments d’impatience suffoqua Marie. Elle se mit à tousser et pria Bert de l’emmener plus loin. Mais le lutin qui était en lui s’emballait à la perspective d’une mêlée, et il insista pour se rapprocher davantage. Saxonne s’accrochait à Billy, qui, tranquillement, des coudes et des épaules, lui frayait un chemin.

— Ce n’est guère la place d’une jeune fille, gronda-t-il en abaissant vers elle un regard insouciant et destiné à masquer sa préoccupation, tandis que son coude écrasait puissamment les côtes d’un Irlandais qui céda le terrain. Ça va barder quand ils commenceront à haler là-dessus. Tout ce monde-là a beaucoup bu, et vous savez ce que c’est que des Irlandais dans une bagarre.

En effet, Saxonne, tout à fait déplacée dans cette foule de corps énormes, semblait une créature d’une autre race, tant elle était menue et enfantine, délicate et fragile. Son seul rempart était la musculature massive et l’adresse de Billy. Continuellement il dévisageait d’autres femmes, puis ramenait ses regards vers elle, et elle n’était pas sans remarquer l’avantage qui lui revenait de ce contraste.

Une altercation se produisit à peu de distance, et la foule ondula comme une vague au bruit des exclamations et des coups. Un gros homme, coincé de côté dans la presse, fut bousculé sur Saxonne, qui se trouva aplatie contre Billy. Celui-ci étendit le bras vers l’épaule de l’homme, d’un mouvement un peu plus massif ou moins lent que d’habitude. Un grognement involontaire échappa à la victime, qui, tournant la tête, montra une peau de blond rougie par le soleil et des yeux irlandais enflammés d’un courroux manifeste.

— Qu’est-ce qui vous pique ? grogna-t-il.

— Ôtez votre pied de là, vous vous tenez dessus, fut la réponse dédaigneuse de Billy, appuyée d’une pression plus accentuée.

L’Irlandais grogna de nouveau et se tordit dans un