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— Ne fais pas de grabuge, Bill, avertit Bert. Ce sont des gens de l’autre côté de la baie, et ils ne te connaissent pas, voilà tout !

Bert se leva vivement, s’avança vers l’autre table, murmura quelques brèves paroles et regagna sa place. Tous les visages de la table étaient maintenant tournés vers Billy. L’offenseur se mit sur pied avec difficulté, repoussa la main de la fille qui voulait le retenir, et s’approcha. C’était un homme corpulent, aux traits durs et mauvais, aux yeux amers. Mais c’était un homme dompté.

— Vous êtes le grand Billy Roberts, dit-il d’une voix épaisse, se retenant à la table en titubant. Je vous tire mon chapeau. Je vous fais mes excuses. J’admire votre goût en fait de cotillons, et prenez ça comme un compliment de ma part. Mais je ne savais pas qui vous étiez. Si j’avais su que vous étiez Billy Roberts, pas un pépiement ne serait sorti de ma trappe à mouches. Vous comprenez ? Je vous fais mes excuses. Voulez-vous me serrer la main ?

D’un ton renfrogné, Billy répondit :

— Ça va bien, oublions-ça, vieux copain.

Il donna une poignée de mains maussade, et, d’un mouvement lent et massif, repoussa l’autre vers sa propre table.

Saxonne était radieuse. C’était un homme, un protecteur sur lequel on pouvait s’appuyer, dont la canaille même des abattoirs avait peur, rien qu’à entendre prononcer son nom.