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— Mais Roberts n’était pas le nom de mon père. Il n’a jamais su quel était son nom. Roberts était le nom d’un chercheur d’or qui l’avait adopté. Voici comment. Quand il y eut la guerre contre les Indiens Modocs, beaucoup de chercheurs d’or et de colons s’enrôlèrent pour prêter main-forte. Roberts était le capitaine d’une équipe ; un jour, après une bataille, ils firent quantité de prisonniers, des squaws, des enfants, des bébés. Et mon père était du nombre de ces enfants. On estima qu’il avait cinq ans environ. Il ne connaissait d’autre langue que celle des Peaux-Rouges.

Saxonne battit des mains, et ses yeux étincelèrent.

— Il avait été capturé dans un raid indien ?

— C’est ce qu’on a pensé, acquiesça Billy. On se rappelait qu’un train de chariots de l’Orégon avait été pris par les Modocs quatre ans auparavant, et que tous les émigrants avaient été massacrés. Roberts adopta mon père, et c’est pourquoi j’ignore son véritable nom. Mais vous pouvez parier qu’il avait traversé les prairies.

— Le mien de même, dit fièrement Saxonne.

— Ma mère aussi, ajouta Billy, avec une légère intonation d’orgueil. Du moins, on peut bien dire qu’elle les a traversées, étant née dans un chariot, près de la rivière Platte, pendant le voyage.

— Et la mienne également, s’écria Saxonne. Elle avait huit ans, et elle fit presque toute la route à pied quand les bœufs commencèrent à manquer.

Billy ouvrit la main.

— Mettez-y la vôtre, petite, dit-il. Nous sommes comme de vieux amis, ayant le même genre d’ancêtres.

Les yeux brillants, Saxonne tendit la main, et leur étreinte fut grave.

— N’est-ce pas merveilleux ? murmura-t-elle. Nous sommes tous deux de vieille souche américaine. Et s’il y a jamais eu des Saxons, vous en êtes un. Vos cheveux, vos yeux, votre peau, tout l’indique. Et vous êtes un batailleur aussi.