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— Oh, la ferme ! dit vivement Billy, une nuance de mécontentement dans les yeux. Je ne suis pas un champion. Je ne me suis pas battu depuis six mois. J’ai envoyé promener cela. Ça ne paie pas.

— Tu as touché deux cents dollars le soir où tu as mis à mal le Balafreur de Frisco, proclama fièrement Bert.

— La ferme, encore une fois !… Dites-donc, Saxonne, vous n’êtes pas bien grosse vous non plus. Mais vous pouvez dire que vous êtes bien bâtie si quelqu’un vous le demande : rondelette et mince en même temps. Je parie que je pourrais deviner votre poids.

— Tout le monde me croit plus lourde que je ne le suis, avertit-elle, tout en se demandant intérieurement pourquoi elle était à la fois heureuse et fâchée qu’il ne se battît plus.

— Pas moi, disait-il. Je suis calé pour deviner les poids. Vous allez voir.

Il l’inspecta des pieds à la tête : une chaude approbation entrait évidemment en lutte avec son jugement critique.

— Attendez une minute.

Il lui palpa les biceps. L’encerclement des doigts, ferme et franc, fit vibrer Saxonne. Il y avait de la magie chez ce grand garçon. Si Bert ou tout autre en eût fait autant, elle n’aurait éprouvé que de l’irritation. Mais celui-ci ! Est-ce l’homme qui m’est destiné ? se demandait-elle au moment où il formula sa conclusion.

— Vos vêtements ne pèsent pas plus de sept livres. Et sept ôté de… hum !… mettons cent vingt-trois… Vous pesez cent seize livres déshabillée.

Mais, au dernier mot, Marie se récria d’une voix aiguë :

— Oh, Billy Roberts, on ne dit pas des choses pareilles !

Il la regarda, sans comprendre, avec une surprise croissante.

— Quelles choses ? demanda-t-il enfin.