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quitter le plancher de ses pieds chaussés de velours. Puis soudain le pas redevint normal ; elle sentit qu’il l’écartait légèrement de lui-même pour la regarder en face et rire de la maîtrise qu’ils venaient de déployer. Aux dernières mesures, l’orchestre ralentit ; ils en firent autant, et leur danse se termina en un glissement prolongé en même temps qu’expirait la note finale.

— Nous sommes sûrement taillés l’un pour l’autre en matière de danse, dit-il, tandis qu’ils allaient rejoindre l’autre couple.

— C’est un rêve, répondit-elle.

Sa voix était si faible qu’il se courba pour l’entendre, et perçut la rougeur de ses joues, qui semblaient communiquer à ses yeux une douceur chaude et sensuelle. Il s’empara de son carnet de bal et traça gravement son nom en lettres énormes à travers toute la page.

— Et maintenant il n’est bon à rien, affirma-t-il ; vous n’en avez plus besoin.

Il le déchira en deux et le jeta.

— Vous et moi, Saxonne, pour la prochaine ! héla Bert en approchant. Bill, prends Marie pour le prochain tour.

— Rien à faire, Bert, fut la réplique, Saxonne et moi restons ensemble jusqu’à la fin de la journée.

— Prends garde à lui, Saxonne, avertit plaisamment Marie. Il est capable de tomber amoureux de toi.

— Ma foi, je sais apprécier ce qui est bon quand je le rencontre, répondit galamment Billy.

— Moi aussi, confirma hardiment Saxonne.

Marie les regarda avec une alarme affectée, et Bert ajouta avec enjouement :

— Tout ce que je puis dire, c’est que vous n’avez pas perdu de temps pour vous entendre. Néanmoins, si vous pouviez vous détacher l’un de l’autre pendant quelques instants après un autre tour ou deux, Marie et moi serons flattés de vous avoir à dîner avec nous.

— On ne saurait mieux dire ! appuya Marie.