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du patron de la mécanique et des chemins de fer qui délivraient des laissez-passer.

« Et c’est ainsi qu’au lieu d’un paradis, je découvris l’aride désert du commercialisme. Je n’y aperçus que de la bêtise, sauf en ce qui concerne les affaires. Je ne rencontrai personne de propre, de noble et de vivant, si ce n’est de la vie dont grouille la pourriture. Tout ce que j’y trouvai fut un égoïsme monstrueux et sans cœur et un matérialisme grossier et glouton, aussi pratiqué que pratique. »

Ernest leur débita beaucoup d’autres vérités sur eux-mêmes et sur ses propres désillusions. Intellectuellement, ils l’avaient ennuyé ; moralement et spirituellement, ils l’avaient dégoûté ; si bien qu’il revint avec bonheur à ses révolutionnaires, qui du moins se montraient propres, nobles, vivants, qui étaient tout ce que les capitalistes ne sont pas.

Mais je dois dire que cette terrible diatribe les avait laissés froids. J’examinai leurs visages et je vis qu’ils conservaient un air de supériorité satisfaite. Je me souvins qu’Ernest m’avait prévenue : aucune accusation contre leur moralité ne pouvait les émouvoir. Je pus voir cependant que la hardiesse de son langage avait affecté Mlle Brentwood. Elle avait l’air ennuyée et inquiète.

— Et maintenant, déclara Ernest, je vais vous parler de cette révolution.

Il commença par en décrire l’armée, et lorsqu’il