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est de rigueur. De ma vie je ne me suis affublé de la sorte. Il faudra que j’en loue un quelque part. Mais je ferais pire pour m’assurer une chance d’avoir les Philomathes. »

De tous les endroits possibles, c’est précisément la maison Pertonwaithe qui fut choisie pour cette réunion. On avait apporté un supplément de chaises dans le grand salon, et il y avait bien deux cents Philomathes assis là pour entendre Ernest. C’étaient vraiment les princes de la bonne société. Je m’amusai à calculer mentalement le total des fortunes qu’ils représentaient : il se chiffrait par centaines de millions. Et leurs propriétaires étaient, non pas de ces riches qui vivent dans l’oisiveté, mais des hommes d’affaires jouant un rôle très actif dans la vie industrielle et politique.

Nous étions tous assis quand Mlle Brentwood introduisit Ernest. Ils gagnèrent tout de suite l’extrémité de la salle, d’où il devait parler. Il était en habit de soirée et avait une allure magnifique, avec ses larges épaules et sa tête royale : et toujours cette inimitable teinte de gaucherie dans ses mouvements. Je crois que j’aurais pu l’aimer uniquement pour cela. Rien qu’à le regarder, j’éprouvais une grande joie. Je croyais sentir à nouveau le pouls de sa main serrant la mienne, l’attouchement de ses lèvres sur mes lèvres. Et j’étais si fière de lui que j’eus envie de me lever et de crier à toute l’Assemblée : « Il est à moi. Il m’a tenue dans ses bras, et j’ai rem-