Page:London - Le Talon de fer, trad. Postif.djvu/84

Cette page a été validée par deux contributeurs.


5. Les Philomathes[1]


Ernest venait souvent à la maison et ce n’était pas seulement mon père, ni les dîners de controverse, qui l’attiraient. Dès cette époque je me flattais d’y être pour quelque chose, et je ne tardai guère à être fixée. Car jamais il n’y eut au monde soupirant pareil à celui-là. De jour en jour son regard et sa poignée de main se firent plus fermes, s’il est possible, et la question que j’avais vu poindre dans ses yeux devint de plus en plus impérative.

Ma première impression lui avait été défavorable, puis je m’étais sentie attirée. Vint ensuite un accès de répulsion, le jour où il attaqua ma classe et moi-même avec si peu de ménagements ; mais bientôt je me rendis compte qu’il n’avait nullement calomnié le monde où je vivais, que tout ce qu’il avait dit de dur et d’amer était justifié ; et plus que jamais je me rapprochai de lui. Il devenait mon oracle. Pour moi, il arrachait

  1. Mot tiré du grec, signifiant « Les amis de l’étude ». (N. D. T.)