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plier les genoux devant elles[1]. Ces deux femmes constituaient de véritables puissances, avec tout l’argent à leur disposition. Elles détenaient à un remarquable degré le pouvoir de subventionner la pensée, comme je devais bientôt l’apprendre grâce aux avertissements d’Ernest.

Elles singeaient leurs maris et discouraient dans les mêmes termes généraux de la politique à suivre, des devoirs et des responsabilités incombant aux gens riches. Elles se laissaient gouverner par la même éthique que leurs époux, par leur morale de classe : et elles débitaient des phrases filantes que leurs propres oreilles ne comprenaient pas.

De plus, elles s’irritèrent lorsque je leur dépeignis la déplorable condition de la famille Jackson ; et comme je m’étonnais qu’elles n’eussent pas établi un fonds de réserve en sa faveur, elles déclarèrent n’avoir besoin de personne pour leur enseigner leurs devoirs sociaux ; quand je leur demandai carrément de le secourir, elles refusèrent non moins carrément. Le plus étonnant est qu’elles exprimèrent leur refus en termes presque identiques, bien que je fusse allé les voir séparément et que chacune ignorât que j’avais vu ou devais voir l’autre. Leur réponse commune fut qu’elles étaient heu-

  1. Le sentiment de l’Église à cette époque s’exprimait par la formule : « Apportez votre argent souillé. »