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le font. Telle est l’absurdité qui couronne tout l’édifice. Ils sont liés par leur nature humaine de telle façon qu’ils ne peuvent faire une chose à moins de la croire bonne. Il leur faut une sanction pour leurs actes. Quand ils veulent entreprendre quoi que ce soit, en affaires bien entendu, ils doivent attendre qu’il naisse dans leur cervelle une sorte de conception religieuse, morale, ou philosophique du bien-fondé de cette chose. Alors ils vont de l’avant et la réalisent, sans s’apercevoir que le désir est père de la pensée. À n’importe quel projet ils finissent toujours par trouver une sanction. Ce sont des casuistes superficiels, des jésuites. Ils se sentent même justifiés à faire le mal pour qu’il en résulte du bien. L’un des plus plaisants de leurs axiomes fictifs, c’est qu’ils se proclament supérieurs au reste de l’humanité en sagesse et en efficacité. De par cette sanction, ils s’arrogent le droit de répartir le pain et le beurre pour tout le genre humain. Ils ont même ressuscité la théorie du droit divin des rois, des rois du commerce, en l’espèce[1].

« Le point faible de leur position consiste en ce qu’ils sont simplement des hommes d’affaires.

  1. Les journaux de 1902 attribuaient à M. George F. Baer, président de l’Anthracite Coal Trust, l’énonciation du principe suivant : « Les droits et intérêts des classes laborieuses seront protégés par les hommes chrétiens à qui Dieu, dans sa sagesse infinie, a confié les intérêts de la propriété dans ce pays.