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madaires de la localité refusèrent mon article.

Je m’arrangeai pour mettre la main sur Percy Layton. C’était un gradué de l’Université qui voulait se lancer dans le journalisme et qui faisait actuellement son apprentissage de reporter au plus influent des trois quotidiens. Il sourit quand je lui demandai pourquoi les journaux avaient supprimé toute mention de Jackson et de son procès.

— Politique éditoriale, dit-il. Nous n’avons rien à voir là-dedans. C’est l’affaire des directeurs.

— Mais pourquoi cette politique ?

— Nous faisons bloc avec les corporations. Même en payant au prix d’annonces, même en payant dix fois le tarif ordinaire, vous ne pourrez faire insérer cette information dans aucun journal ; et l’employé qui essayerait de la faire passer en fraude perdrait sa place.

— Et si nous parlions de votre politique à vous ? Il me semble bien que votre fonction est de déformer la vérité d’après les ordres de vos patrons, qui, à leur tour, obéissent au bon plaisir des corporations.

— Je n’ai rien à voir là-dedans…

Il parut mal à l’aise pour un instant ; puis sa figure s’éclaira : il venait de trouver un faux-fuyant.

— Personnellement, je n’écris rien qui ne soit vrai. Je suis en règle avec ma propre conscience. Naturellement, il se présente un tas de