Page:London - Le Talon de fer, trad. Postif.djvu/43

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Le pasteur eut un faible mouvement de dénégation.

— Ainsi l’Église est muette aujourd’hui, comme elle l’était au XVIII e siècle ?

L’évêque ne répondit rien, et pour une fois Ernest s’abstint d’insister.

— Et, ne l’oubliez pas, toutes les fois qu’un membre du clergé proteste, on le congédie.

— Je trouve que ce n’est guère juste.

— Protesterez-vous ? demanda Ernest.

— Montrez-moi, dans notre propre communauté, des maux comme ceux dont vous avez parlés, et j’élèverai la voix.

— Je me mets à votre disposition pour vous les montrer, dit tranquillement Ernest, et je vous ferai faire un voyage à travers l’enfer.

— Et moi je désavouerai tout !… Le pasteur s’était redressé dans son fauteuil, et sur son doux visage se répandait une expression de dureté guerrière.

— L’Église ne restera pas muette !

— Vous serez congédié, avertit Ernest.

— Je vous fournirai la preuve du contraire, fut la réplique. Vous verrez, si tout ce que vous dites est vrai, que l’Église s’est trompée par ignorance. Et je crois même que tout ce qu’il y a d’horrible dans la société industrielle est dû à l’ignorance de la classe capitaliste. Elle remédiera au mal dès qu’elle recevra le message que le devoir de l’Église est de lui communiquer.