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une centaine de trappes isolées pendant qu’on travaillait à les réduire à merci : c’est-à-dire à les mettre à mort, car on ne leur faisait pas de quartier, et ils combattirent héroïquement jusqu’au dernier homme[1].

Toutes les fois que nous approchions d’une localité de ce genre, les gardes nous arrêtaient et nous obligeaient à un vaste détour. Il arriva, une fois, que le seul moyen de dépasser deux fortes positions des camarades était de franchir une région ravagée qui se trouvait entre les deux. De chaque côté, nous entendions le cliquetis et les rugissements de la bataille, tandis que l’automobile cherchait sa voie entre des ruines fumantes et des murs branlants. Souvent, les routes étaient bloquées par des montagnes de débris dont nous étions forcés de faire le tour. Nous nous égarions dans un labyrinthe de décombres, et notre avance était lente.

Des chantiers (ghetto, ateliers et tout le

  1. Un grand nombre de bâtiments résistèrent plus d’une semaine, et l’un d’eux tint pendant onze jours. Chaque bâtiment dut être pris d’assaut comme un fort, et les Mercenaires furent obligés de l’attaquer étage par étage. Ce fut une lutte meurtrière. On ne demandait ni n’accordait de trêve ; et dans ce genre de combat, les révolutionnaires avaient l’avantage d’être au-dessus. Ils furent anéantis, mais au prix de lourdes pertes. Le fier prolétariat de Chicago se montra à la hauteur de son ancienne réputation. Autant il eut de tués, autant il tua d’ennemis.