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ans travaillant toutes les nuits en équipes de douze heures. Ils ne voient jamais la sainte lumière du jour. Ils meurent comme des mouches. Les dividendes sont payés avec leur sang. Et avec cet argent on construit de magnifiques églises dans la Nouvelle-Angleterre, et vos pareils y prêchent d’agréables platitudes devant les ventres replets et luisants des tirelires à dividendes.

— Je ne savais pas, murmura l’évêque dans un souffle défaillant. Son visage était pâle, comme s’il eût éprouvé des nausées.

— Ainsi vous n’avez pas protesté ?

    conclure que l’esclavage n’est pas immoral. Une fois établi ce point, que les premiers Africains ont été légalement réduits en servitude, le droit d’y retenir leurs enfants en découle comme conséquence indispensable. Nous voyons donc que l’esclavage existant en Amérique est fondé en droit. »

    Rien d’étonnant que la même idée ait été reprise par l’Église, une ou deux générations plus tard, concernant la défense de la propriété capitaliste. Dans le grand Muséum d’Asgard se trouve un livre intitulé Essays in Application, écrit par Henry Van Dyke et publié en 1905. Autant que nous avons pu le conjecturer, l’auteur était un homme d’église. L’ouvrage est un bon exemple de ce qu’Everhard aurait appelé la mentalité bourgeoise. Il faut remarquer la similitude entre la déclaration de l’Association des Baptistes citée plus haut et celle qu’écrivit Van Dyke soixante-dix ans plus tard : « La Bible enseigne que Dieu possède le monde. Il le distribue à chaque homme selon son bon plaisir, conformément aux lois générales. »