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lac ! — dit Garthwaite en riant, au moment où une femme s’élançait sur le blessé en brandissant un couperet de boucherie. — Allons-nous-en ! Nous sommes dans la mauvaise direction, mais nous nous en tirerons de façon ou d’autre.

Nous fuyions vers l’est à travers des rues tranquilles, et à chaque tournant, nous nous tenions prêts à toute éventualité. Vers le sud, un immense incendie remplissait le ciel ; c’était le grand ghetto qui brûlait. À la fin, je m’affaissai au bord du trottoir, épuisée, incapable de faire un pas de plus. J’étais meurtrie, brisée et endolorie dans tous mes membres ; pourtant, je ne pus m’empêcher de sourire quand Garthwaite me dit, en roulant une cigarette :

— Je sais que j’ai fait du gâchis en essayant de vous tirer du pétrin, mais je ne vois ni queue ni tête à la situation. C’est un brouillamini à n’y rien comprendre. Chaque fois que nous essayons d’en sortir, il arrive quelque chose qui nous rejette dedans. Nous ne sommes qu’à un ou deux pâtés de maisons de l’endroit où je vous ai tirée de cette impasse. Amis et ennemis, tout est confondu. C’est le chaos. On ne peut pas dire par qui sont occupés ces maudits bâtiments. Quand on essaye de le savoir, il vous tombe une bombe sur la tête. Si l’on passe son chemin tranquillement, on se bute dans la populace et l’on est fauché par les mitrailleuses, ou bien on donne du nez dans les Mercenaires et l’on est canardé par ses propres camarades