Page:London - Le Talon de fer, trad. Postif.djvu/410

Cette page a été validée par deux contributeurs.

averse de bombes tomba du sommet du bâtiment. Les automobiles furent réduites en miettes, ainsi qu’un grand nombre de soldats. Nous nous précipitâmes avec les survivants dans une course affolée. À l’extrémité opposée du pâté de maisons, le feu fut ouvert sur nous d’un autre bâtiment. Les soldats avaient tapissé la rue de cadavres, ce fut leur tour de servir de tapis. Quant à Garthwaite et moi, notre vie semblait protégée par un charme. Comme auparavant, nous nous réfugiâmes sous un porche. Mais, cette fois, il n’était pas disposé à s’y laisser prendre. Quand l’éclatement des bombes s’apaisa, il risqua un œil de droite et de gauche.

— La populace revient, — me cria-t-il. Il faut nous tirer d’ici.

Nous courûmes en nous tenant par la main sur le pavé ensanglanté, et nous glissions et piétinions en nous hâtant vers le coin le plus proche. Dans la rue transversale, nous aperçûmes quelques soldats qui fuyaient encore. Il ne leur arrivait rien. La voie était libre. Nous nous arrêtâmes un instant pour regarder en arrière. La foule déferlait lentement. Elle était occupée à s’armer des fusils des morts et à achever les blessés. Nous vîmes la fin du jeune officier qui nous avait porté secours. Il se souleva péniblement sur un coude et se mit à décharger au hasard son pistolet automatique.

— Voilà ma chance de promotion dans le