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la région des combats de rues, et nous retombâmes en plein dans la mêlée. En tournant un coin, nous vîmes la multitude hurlante qui se précipitait sur nous. Garthwaite me saisit par le bras et nous allions nous mettre à courir, lorsqu’il me retint juste à temps pour m’empêcher de me jeter sous les roues d’une demi-douzaine d’automobiles blindées et munies de mitrailleuses qui accouraient à toute vitesse ; derrière, se trouvaient des soldats armés de fusils automatiques. Tandis qu’ils prenaient position, la foule arrivait sur eux et il semblait bien qu’ils allaient être submergés avant d’avoir pu entrer en action.

De ci de là, des soldats déchargeaient leurs fusils, mais ces feux individuels étaient absolument sans effet sur la tourbe qui continuait à avancer en mugissant de rage. Il y avait évidemment des difficultés à manœuvrer les mitrailleuses. Les automobiles sur lesquelles elles étaient montées barraient la rue, de sorte que les tirailleurs devaient prendre position dessus, ou entre elles, et sur les trottoirs. Il venait de plus en plus de soldats, et nous ne pouvions pas sortir de l’encombrement. Garthwaite me tenait par le bras, et nous nous aplatissions contre la façade d’une maison.

La foule n’était pas à dix mètres quand les mitrailleuses entrèrent en action. Devant ce mortel rideau de feu, rien ne pouvait survivre. La cohue arrivait toujours, mais n’avançait