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devait aboutir à refouler la populace, comme du bétail, dans le lac Michigan. C’est au début de ce mouvement que Garthwaite et moi avions rencontré le jeune officier. Si cette tactique échoua, ce fut grâce à l’effort splendide des camarades. Les Mercenaires, qui espéraient réunir toute la masse en un troupeau, ne réussirent pas à précipiter dans le lac plus de quarante mille de ces misérables. À maintes reprises, au moment où quelque groupe bien en main était ramené vers les quais, nos amis créaient une diversion, et la foule s’échappait par quelque ouverture pratiquée dans le filet.

Nous en vîmes un exemple peu de temps après notre rencontre avec le jeune officier. L’attroupement dont nous avions fait partie, et qui avait été repoussé, trouva la retraite coupée vers le sud et vers l’est par de forts contingents. Les troupes que nous avions rencontrées les contenaient du côté ouest. Le nord, seul, lui restait ouvert, et c’est vers le nord qu’il marcha, c’est-à-dire vers le lac, harcelé des trois autres côtés par le tir des mitrailleuses et des fusils automatiques. J’ignore s’il pressentit sa destination ou si ce fut un sursaut aveugle du monstre ; mais, en tous cas, la foule s’engouffra soudain dans une rue transversale vers l’ouest, puis tourna au prochain carrefour, et, revenue sur ses pas, se dirigea au sud vers le grand ghetto.

À ce moment précis, Garthwaite et moi nous essayions de gagner vers l’ouest pour sortir de