Page:London - Le Talon de fer, trad. Postif.djvu/403

Cette page a été validée par deux contributeurs.

et Guinness, qui furent déchiquetés en même temps que le champ où ils s’abattirent. Biedenbach était au désespoir — tout cela nous fut conté plus tard — aussi s’embarqua-t-il tout seul dans le troisième ballon. Lui aussi volait bas, mais la chance le favorisait, car les soldats ne réussirent pas à le trouer sérieusement. Je crois revoir toute la scène comme je la suivis alors du toit du gratte-ciel, — le sac gonflé en dérive et l’homme suspendu dessous comme un point noir. Je ne pouvais apercevoir la forteresse, mais les gens sur le toit disaient qu’il était juste au-dessus. Je ne vis pas tomber la charge d’expédite ; mais je vis le ballon faire un bond dans le ciel. Au bout d’un instant appréciable une grande colonne de fumée se dressa dans l’air, et c’est seulement après que j’entendis le tonnerre de l’explosion. Le tendre Biedenbach venait de détruire une forteresse. Après cela, deux autres sphériques s’élevèrent en même temps. L’un fut mis en morceaux par l’explosion prématurée de l’expédite ; l’autre, déchiré par le contre-coup, tomba juste dans la forteresse qui restait et la fit sauter. La chose n’eût pas mieux réussi si elle avait été concertée, bien que deux camarades y aient perdu la vie.

Je reviens aux gens de l’Abîme, puisqu’en réalité c’est à eux seuls que j’eus affaire. Ils massacrèrent avec rage et détruisirent tout dans la ville proprement dite, mais ils ne réussirent pas un instant à atteindre dans l’ouest la cité