Page:London - Le Talon de fer, trad. Postif.djvu/40

Cette page a été validée par deux contributeurs.

plus loin je vous prie de me dire carrément si nous sommes d’accord ou non. L’Église a-t-elle protesté à ce moment-là ?

L’évêque Morehouse hésita. Pas plus que le Dr Hammerfield, il n’était habitué à ce genre d’offensive à domicile, selon l’expression d’Ernest.

— L’histoire du XVIIIe siècle est écrite, suggéra celui-ci. Si l’Église n’était pas muette, on doit trouver trace de sa protestation quelque part dans les livres.

— Malheureusement, je crois bien qu’elle est restée muette, avoua le dignitaire de l’Église.

— Et elle reste muette encore aujourd’hui.

— Ici nous ne sommes plus d’accord.

Ernest fit une pause, regarda attentivement son interlocuteur, et accepta le défi.

— Très bien, dit-il, nous allons voir. Il y a à Chicago des femmes qui travaillent toute la semaine pour quatre-vingt-dix cents. L’Église proteste-t-elle ?

— C’est une nouvelle pour moi, fut la réponse. Quatre-vingt-dix cents ! C’est épouvantable.

— L’Église a-t-elle protesté ? insista Ernest.

— L’Église l’ignore. Le prélat se débattait ferme.

    esclavage dans les usines anglaises pendant la seconde moitié du XVIIIe siècle de l’ère chrétienne. C’est dans ces enfers industriels que naquirent quelques-unes des plus insolentes fortunes de l’époque.