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convenablement vêtus, cela suffisait. Son coup de poing atteignit la femme entre les yeux : la force du coup la rejeta en arrière, mais elle rencontra le mur mouvant et rebondit en avant, étourdie et désemparée, tandis que la hachette s’abattait sans force sur l’épaule d’Hartman.

L’instant d’après, je perdis la notion de ce qui arrivait. J’étais submergée par la foule. L’étroit espace où nous étions était rempli de cris, de hurlements et de blasphèmes. Les coups pleuvaient sur moi. Des mains déchiraient et arrachaient mes habits et ma chair. J’eus la sensation d’être mise en pièces. J’étais sur le point d’être renversée, étouffée. Au plus fort de la presse, une poigne solide me saisit à l’épaule et me tira violemment. Vaincue par la souffrance et l’écrasement, je m’évanouis.

Hartman ne devait pas sortir vivant de cette allée. Pour me défendre, il avait affronté le premier choc. C’est ce qui m’avait sauvée, car, tout de suite après, l’encombrement était devenu trop dense pour permettre autre chose que d’aveugles étreintes et tiraillements.

Je repris connaissance au sein d’une agitation effrénée ; autour de moi, tout était entraîné dans le même mouvement. J’étais balayée par une monstrueuse inondation qui me portait je ne sais où. L’air frais me caressait la joue et me râpait un peu les poumons. Languissante et étourdie, je sentais vaguement qu’un bras solide m’entourait la taille, me soulevait à demi et