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puis il reprit sa place d’un bond. L’auto s’élança, vira au coin et disparut. Hartman courut au bord du trottoir et se pencha sur l’objet.

— N’approchez pas, me cria-t-il.

Je le vis travailler fébrilement de ses mains. Quand il me rejoignit, la sueur perlait sur son front.

— Je l’ai désamorcée, dit-il, et au bon moment. Ce soldat est un maladroit. Il la destinait à nos camarades, mais il ne lui avait pas donné assez de temps. Elle aurait éclaté prématurément : maintenant elle ne sautera plus.

Les événements se précipitaient. De l’autre côté de la rue, à un demi-pâté de maisons plus loin, aux fenêtres supérieures d’un bâtiment, je distinguai des gens qui regardaient. Je venais à peine de les signaler à Hartman qu’une nappe de flammes et de fumée se déployait sur cette partie de la façade, et l’air fut ébranlé par l’explosion. Le mur de pierres, en partie démoli, laissait voir la charpente de fer à l’intérieur. Un instant après, la façade de la maison d’en face était déchirée par des explosions analogues. Dans l’intervalle, on entendait crépiter les pistolets et fusils automatiques. Ce duel aérien dura plusieurs minutes, et finit par s’apaiser. Évidemment, nos camarades occupaient l’un des bâtiments, les Mercenaires celui d’en face, et ils se battaient à travers la rue ; mais il nous était impossible de savoir de quel côté étaient les nôtres.