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23. La ruée de l’Abîme


Soudain les choses changèrent d’aspect : un frisson d’animation sembla vibrer dans l’air. Des automobiles passèrent d’un vol rapide, deux, trois, une douzaine, dont les occupants nous criaient des avertissements. Au prochain croisement de rues, une des voitures fit une terrible embardée sans ralentir, et l’instant d’après, à l’endroit qu’elle venait de quitter et dont elle était déjà loin, un grand trou fut creusé dans le pavé par l’explosion d’une bombe. Nous vîmes la police disparaître en courant dans les rues transversales, et nous savions que quelque chose d’effroyable approchait, dont nous entendions le grondement croissant.

— Nos braves camarades arrivent, dit Hartman.

Déjà nous pouvions voir leur tête de colonne barrant la rue d’un mur à l’autre, au moment où fuyait la dernière automobile de guerre : celle-ci s’arrêta un instant à notre hauteur. Un soldat en descendit en toute hâte, portant quelque chose qu’il déposa avec précaution dans le ruisseau ;