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L’automobile de l’officier qui avait posé la question démarra en vitesse. Soudain éclata un fracas assourdissant. La voiture, avec son chargement humain, fut soulevée dans un tourbillon de fumée, puis s’affaissa en un tas de débris et de cadavres.

Hartman exultait.

— Bravo, bravo ! répétait-il à demi-voix. Aujourd’hui le prolétariat reçoit une leçon, mais il en donne une aussi.

La police accourait vers le lieu du sinistre. Une autre automobile de patrouille s’était arrêtée. Quant à moi, j’étais comme abasourdie par la soudaineté de l’événement. Je ne comprenais pas ce qui venait de se passer sous mes yeux, et je m’étais à peine aperçue que nous avions été saisis par la police. Brusquement, je vis un agent qui se préparait à abattre Hartman. Mais celui-ci, toujours de sang-froid, lui donna les mots de passe ; je vis le revolver braqué vaciller, puis s’abaisser, et j’entendis le policier grommeler d’un air déçu. Il était en colère et maudissait tout le service secret. Il déclarait qu’on avait toujours ces gens-là dans les jambes. Hartman lui répondait avec la suffisance caractéristique des agents du service de renseignements et lui dénonçait en détail les bévues de la police.

Comme au sortir d’un songe, je me rendis compte de ce qui était arrivé. Tout un groupe s’était formé autour de l’épave, et deux hommes étaient en train de soulever l’officier blessé pour