Page:London - Le Talon de fer, trad. Postif.djvu/386

Cette page a été validée par deux contributeurs.

dans la direction des magasins d’approvisionnement, une gigantesque fumée. Au carrefour suivant, nous en vîmes plusieurs autres qui montaient vers le ciel du quartier de l’ouest. Au-dessus de la cité des Mercenaires planait un gros ballon captif ; il éclata au moment même où nous le regardions, et ses débris enflammés retombèrent de toutes parts. Cette tragédie aérienne ne nous apprenait rien, car nous ne pouvions savoir si le ballon était monté par des amis ou des ennemis. Un bruit vague bourdonnait dans nos oreilles, quelque chose comme le bouillonnement lointain d’un chaudron gigantesque, et Hartman me dit que c’était le crépitement des mitrailleuses et des fusils automatiques.

Cependant, nous avancions toujours dans un voisinage tranquille, où n’arrivait rien d’extraordinaire. Il passa des agents de police et des patrouilles en automobile, puis une demi-douzaine de pompes qui revenaient évidemment d’un incendie quelconque. Un officier en automobile héla les pompiers, dont l’un répondit en criant : « Il n’y a pas d’eau ! Ils ont fait sauter les conduites principales. »

— Nous avons détruit l’approvisionnement d’eau, remarqua Hartman enthousiasmé. Si nous pouvons faire une chose pareille dans une tentative prématurée, isolée et avortée d’avance, que ne ferions-nous pas si l’effort avait mûri et concerté dans tout le pays ?