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dans le sud, nous parvint le bruit sourd d’une explosion. Ce fut tout. Le calme reprit, bien que les gamins, mis en éveil, tendissent l’oreille, comme de jeunes daims, dans la direction du son. Les portes de tous les bâtiments étaient fermées, les devantures des magasins abaissées. Mais on voyait en évidence beaucoup de policiers et de gardes, et, de temps à autre, passait rapidement une patrouille de Mercenaires en automobiles.

Hartman et moi décidâmes d’un commun accord qu’il était inutile de nous présenter aux chefs locaux du service secret. Cette omission serait excusée, nous le savions, à la faveur des événements subséquents. Nous nous dirigeâmes donc vers le grand ghetto de travailleurs du quartier sud, dans l’espoir d’entrer en contact avec quelques-uns de nos camarades. Il était trop tard. Nous le savions. Mais nous ne pouvions rester à rien faire dans ces rues horriblement silencieuses. Où était Ernest ? Je me le demandais. Que se passait-il dans les cités des castes ouvrières et celles des Mercenaires ? Et à la forteresse ?

Comme en réponse à cette question, un rugissement prolongé s’éleva dans l’air, un grondement un peu assourdi par la distance, mais ponctué d’une série de détonations précipitées.

— C’est la forteresse ! s’écria Hartman. Le ciel ait pitié de ces trois régiments !

À un croisement de rues nous remarquâmes,