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à âme qui vive, mais, je ne sais pourquoi, je m’imagine que je ne quitterai pas Chicago vivant. Ayez l’œil sur Knowlton. Tâchez de l’attirer dans un piège. Démasquez-le. Je ne sais rien de plus. Ce n’est qu’une intuition, et jusqu’à présent, je n’ai pas réussi à trouver le fil conducteur.

À ce moment, nous sortions sur le trottoir.

— Souvenez-vous, conclut Hartman d’un ton pressant. Ayez l’œil sur Knowlton.

Et il avait raison. Un mois ne s’était pas écoulé que Knowlton payait sa trahison de sa vie. Il fut formellement exécuté par les camarades du Milwaukee.

Tout était calme dans les rues, trop calme. Chicago semblait mort. On n’entendait pas le mouvement des affaires, il n’y avait même pas de voitures dehors. Les tramways à terre et les aériens ne marchaient pas. À intervalles seulement, sur les trottoirs, on rencontrait de rares passants, qui ne s’attardaient guère. Ils filaient très vite et avec un but évidemment bien défini, et cependant on devinait dans leur démarche une curieuse indécision, ils semblaient appréhender que les maisons ne leur tombent sur la tête ou que le trottoir ne s’enfonce sous leurs pieds. Pourtant, quelques gamins flânaient, et dans leurs yeux se lisait une attention contenue comme s’ils s’attendaient à des événements merveilleux et émouvants.

De quelque part, à une grande distance