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tués à lire entre les lignes y pouvaient trouver bien des choses qui échapperaient au lecteur ordinaire. La fine main du Talon de Fer apparaissait dans chaque colonne. On laissait entrevoir certains points faibles dans l’armure de l’Oligarchie, mais bien entendu, il n’y avait rien de défini : on voulait que le lecteur trouvât son chemin à travers ces allusions. C’était adroitement fait. Comme romans d’intrigue, ces journaux du matin du 27 octobre étaient des chefs-d’œuvre.

Les dépêches locales manquaient, et rien que cette absence était un coup de maître. Elle enveloppait Chicago de mystère, et suggérait au lecteur ordinaire de cette ville l’idée que l’Oligarchie n’osait pas donner les nouvelles locales. Une rubrique rapportait des rumeurs, fausses, naturellement, d’actes d’insubordination commis un peu partout dans le pays, mensonges grossièrement déguisés sous des allusions complaisantes aux mesures de répression à prendre. Une autre énumérait toute une série d’attentats à la dynamite contre des stations de télégraphie sans fil, et les grosses récompenses promises à ceux qui en dénonceraient les auteurs. On annonçait beaucoup de forfaits analogues, non moins imaginaires, mais cadrant avec les plans des révolutionnaires. Tout cela avait pour but de créer, dans l’esprit des camarades de Chicago, l’impression qu’une révolte générale débutait, tout en y