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représentaient le cerveau du service de l’Oligarchie.

C’était une belle nuit de clair de lune, mais j’étais agitée et ne pouvais dormir. À cinq heures du matin, je m’habillai et me levai.

Je demandai à la servante du cabinet de toilette combien le train avait de retard, et elle me répondit deux heures. C’était une mulâtresse. Je remarquai qu’elle avait les traits hagards, avec de grands cernes sous les yeux, qui semblaient dilatés par une angoisse persistante.

— Qu’avez-vous ? lui demandai-je.

— Rien, Mademoiselle ; seulement je n’ai pas bien dormi, répondit-elle.

Je la regardai avec plus d’attention et risquai un de nos signes. Elle y répondit, et je m’assurai qu’elle était des nôtres.

— Il va se passer à Chicago quelque chose de terrible, dit-elle. Il y a ce faux train devant nous. C’est lui, et les convois de troupes, qui nous retardent.

— Des trains militaires ? demandai-je.

Elle fit un signe affirmatif. — La ligne en est bondée. Nous en avons dépassé toute la nuit. Et tous se dirigent vers Chicago. On les branche sur la ligne aérienne. Cela en dit long… J’ai un bon ami à Chicago, ajouta-t-elle en manière d’excuse. C’est un des nôtres. Il est dans les Mercenaires, et j’ai peur pour lui.

Pauvre fille ! son amoureux appartenait à l’un des trois régiments infidèles.