Page:London - Le Talon de fer, trad. Postif.djvu/378

Cette page a été validée par deux contributeurs.

donnerais bien dix années de ma vie pour avoir la chance d’y être.

Le Vingtième-Siècle[1] quittait New York à six heures du soir et était censé arriver à Chicago à sept heures du matin. Mais il perdit du temps cette nuit-là. Nous suivions un autre convoi. Parmi les voyageurs de mon wagon Pulman se trouvait le camarade Hartman, qui appartenait comme moi au service secret du Talon de Fer. C’est lui qui me parla de ce train précédant immédiatement le nôtre. C’en était une parfaite reproduction, mais il ne contenait pas de voyageurs. Il était destiné, si l’on essayait de faire sauter le Vingtième-Siècle, à sauter à sa place. Même dans notre train il n’y avait pas grand monde, et je comptai à peine douze ou treize voyageurs dans notre voiture.

— Il doit y avoir de gros personnages dans ce train-ci, dit Hartman en conclusion. J’ai remarqué un wagon privé à l’arrière.

La nuit était tombée quand nous effectuâmes notre premier changement de locomotive, et je descendis sur le quai pour respirer un peu d’air pur et tâcher d’observer ce que je pourrais. Par les portières du wagon réservé, j’entrevis trois hommes que je connaissais. Hartman avait raison. L’un d’eux était le général Altendorff ; les deux autres, Masson et Vanderbold,

  1. C’était le nom d’un train réputé comme le plus rapide du monde à l’époque.