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cette étincelle, à distance ou en se rendant sur place. Je me flatte d’avoir conservé mon sang-froid sous le regard perçant de l’oligarque, mais mon cœur battait follement. Avant qu’il eût fini de donner ses ordres implacables, je me sentais prête à hurler et à lui serrer la gorge de mes dix doigts.

À peine hors de sa présence, je me mis à calculer l’emploi de mon temps. Si la chance me favorisait, je pouvais disposer de brèves minutes pour entrer en contact avec quelque chef local avant de sauter dans le train. Prenant mes précautions pour n’être pas suivie, je courus comme une folle à l’Hôpital d’Urgence et j’eus la chance d’être admise immédiatement près du médecin-chef, le camarade Galvin. Je commençais, hors d’haleine, à lui communiquer la nouvelle, mais il m’arrêta :

— Je suis au courant, dit-il d’un ton calme, en contraste avec l’éclair de ses yeux d’Irlandais. Je devinais le but de votre visite. J’ai reçu la communication voilà un quart d’heure et je l’ai déjà transmise. On fera tout le possible ici pour que les camarades se tiennent tranquilles. Chicago, mais Chicago seul, doit être sacrifié.

— Avez-vous essayé de vous mettre en rapport avec Chicago ? demandai-je.

Il secoua la tête. — Pas de communications télégraphiques. Chicago est isolé du monde, et l’enfer va s’y déchaîner.