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travailleurs fussent disposés à oublier ou pardonner. La révolte y couvait même parmi les castes ouvrières. Malgré leur changement de condition et toutes les faveurs accordées, leur haine de la classe dominatrice ne s’était pas éteinte. Cet état d’esprit avait contaminé les Mercenaires, dont trois régiments étaient même disposés à se joindre à nous en masse.

Chicago avait toujours été le centre des orages qui éclataient entre le travail et le capital ; ville des combats de rues et des morts violentes, où la conscience de classe et l’organisation étaient aussi développées chez les travailleurs que chez les capitalistes, où jadis les maîtres d’école eux-mêmes formaient des syndicats affiliés dans la Confédération Américaine du Travail avec ceux des aides-maçons et plâtriers. Chicago devait donc devenir le centre de dépression de cet orage prématuré que fut la première révolte.

Le déchaînement du cyclone fut précipité par le Talon de Fer. Ce fut habilement fait. Toute la population, y compris les castes des travailleurs privilégiés, fut soumise à une série de traitements outrageants. Des engagements et des accords furent violés, et les punitions les plus rigoureuses prodiguées pour des fautes insignifiantes. Le peuple de l’Abîme fut éveillé de son apathie à coups de fouet. Le Talon de Fer se mit en devoir de faire rugir la bête. En même temps, il faisait montre d’une incroyable