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chargées d’afficher les proclamations sortant de nos presses secrètes. Ceux d’entre nous qui occupaient de hauts emplois dans le Talon de Fer s’arrangeraient pour jeter immédiatement le désordre et l’anarchie dans tous leurs services. Nous avions des milliers de camarades parmi les Mercenaires. Leur tâche consisterait à faire sauter les magasins et à saboter les mécanismes délicats de toutes les machines de guerre. Des opérations analogues devraient être perpétrées dans les cités spéciales des Mercenaires et des castes ouvrières.

En un mot, nous voulions asséner un coup soudain, magistral et étourdissant. Avant que l’oligarchie pût s’en remettre, elle serait détruite. L’opération comportait des heures terribles et le sacrifice de nombreuses existences, mais nul révolutionnaire ne se laisse arrêter par de pareilles considérations. Et même, bien des choses, dans notre plan, dépendaient du peuple inorganisé de l’Abîme, qui devait être lâché sur les palais et les cités de ses maîtres. Qu’importait la perte des vies et la destruction des propriétés ? La bête de l’Abîme rugirait, la police et les Mercenaires tueraient ; c’est entendu. Mais la bête de l’Abîme rugissait à tous propos, et les massacreurs patentés tueraient de toute façon. Cela revient à dire que les divers dangers qui nous menaçaient se neutralisaient réciproquement. Pendant ce temps-là nous accomplirions notre besogne