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qui nous chargerons de continuer cette grande œuvre, mais elle ne sera pas accomplie par de misérables serfs. Les murs, les tours et les flèches de cette ville féerique s’élèveront au rythme des chansons, et dans sa beauté incomparable seront amalgamés, au lieu de soupirs et de gémissements, de l’harmonie et de la joie.

Ernest était follement impatient de se retrouver dans le monde et en pleine activité, car les temps semblaient mûrs pour notre première révolte, celle qui échoua si lamentablement dans la commune de Chicago. Cependant il savait discipliner son âme à la patience, et pendant tout le temps que dura son tourment, pendant qu’Hadly, qu’on avait fait venir dans ce but de l’Illinois, le transformait en autre homme[1], il roulait dans sa tête de grands projets

    demi-million de serfs. À certaines périodes leur nombre dépassa le million, sans tenir compte des centaines de milliers de travailleurs privilégiés et d’artistes.

  1. Parmi les révolutionnaires, se trouvaient de nombreux chirurgiens qui avaient acquis une habileté merveilleuse dans la vivisection. Selon les termes d’Avis Everhard, ils pouvaient littéralement transformer un homme en un autre. Pour eux l’élimination des cicatrices et difformités n’était qu’un jeu d’enfants. Ils vous changeaient les traits avec une telle minutie microscopique qu’il ne subsistait pas la moindre trace de leur travail. Le nez était un des organes favoris de leurs opérations. La greffe de la peau et la transplantation des cheveux comptaient parmi leurs artifices les plus ordinaires. Ils réussissaient les changements d’expression avec une habileté