Page:London - Le Talon de fer, trad. Postif.djvu/364

Cette page a été validée par deux contributeurs.

gardien du refuge de Glen Ellen. Qu’on interroge tous les camarades révolutionnaires, hommes ou femmes, jeunes ou vieux, éminents ou humbles, géniaux ou simples, on trouvera toujours qu’ils ont eu pour mobile puissant et persistant leur soif de droiture.

Mais revenons à notre histoire. Ernest et moi, avant de quitter notre refuge, nous avions parfaitement compris à quel point s’était développée la puissance du Talon de Fer. Les castes ouvrières, les Mercenaires, les innombrables agents et policiers de tout ordre étaient complètement gagnés à l’Oligarchie. Tout considéré, et abstraction faite de la perte de leur liberté, ils vivaient plus à l’aise que jamais auparavant. D’autre part, la grande masse désespérée du peuple de l’Abîme s’enfonçait dans un abrutissement apathique et satisfait de sa misère. Toutes les fois que des prolétaires de force exceptionnelle se distinguaient du troupeau, les Oligarques s’emparaient d’eux en améliorant leur condition et en les admettant dans les castes ouvrières ou parmi les Mercenaires. Ainsi, tout mécontentement s’apaisait et le prolétariat se trouvait frustré de ses chefs naturels.

La condition du peuple de l’Abîme était pitoyable. L’école communale avait cessé d’exister pour eux. Ils vivaient comme des bêtes dans des ghettos grouillants et sordides, ils pourrissaient dans la misère et la dégradation. Toutes leurs anciennes libertés avaient été supprimées. À