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rêts. C’est celui qui existe entre le travail et le capital, et c’est un conflit irréconciliable. Tant qu’il existera des ouvriers et des capitalistes, ils continueront à se quereller au sujet du partage. Si vous étiez à San-Francisco cet après-midi, vous seriez obligé d’aller à pied. Pas un train ne circule dans les rues.

— Encore une grève ?[1] demanda l’évêque d’un ton alarmé.

— Oui, on se chicane sur le partage des bénéfices des chemins de fer urbains.

L’évêque s’emporta.

— On a tort, cria-t-il. Les ouvriers n’y voient pas plus loin que le bout de leur nez. Comment peuvent-ils espérer qu’ils conserveront notre sympathie…

— Quand nous sommes forcés d’aller à pied, acheva malicieusement Ernest.

Mais l’évêque ne prit pas garde à cette proposition complétive.

— Leur point de vue est trop borné, continua-

  1. De pareilles querelles étaient fréquentes en ces temps de déraison et d’anarchie. Parfois les ouvriers refusaient de travailler, d’autres fois leurs employeurs refusaient de les laisser travailler. Les violences et les troubles résultant de ces désaccords occasionnaient la destruction de beaucoup de biens et de pas mal de vies. Tout cela nous paraît aujourd’hui inconcevable ; il en est de même d’une autre habitude de l’époque, celle qu’avaient les hommes des classes inférieures de casser les meubles quand ils se chamaillaient avec leurs femmes.