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moindre signe. On effaça de même toutes les marques depuis le bord du trou en remontant le canyon. Puis, au crépuscule, arriva John Carlson, qui demanda les souliers du jeune Wickson.

Celui-ci ne voulait pas donner sa chaussure, et se montrait disposé à la défendre en combat singulier… Mais Ernest lui fit sentir le poids d’une main de forgeron. Plus tard, Carlson devait se plaindre des nombreuses ampoules et écorchures que lui avait values l’étroitesse des souliers ; il s’en était servi pour une adroite besogne. Partant du point où l’on avait cessé d’effacer les traces du jeune homme, Carlson, après avoir chaussé les souliers en question, se dirigea vers la gauche. Il marcha pendant plusieurs milles, contourna des monticules, franchit des crêtes, suivit des canyons, et finalement noya la piste dans l’eau courante d’un ruisseau. Là, il se déchaussa, parcourut encore le lit du ruisseau sur une certaine distance, puis remit ses propres chaussures. Une semaine après, le jeune Wickson rentra en possession des siennes.

Cette nuit-là, la meute de chasse fut lâchée, et l’on ne dormit guère dans le refuge. Plusieurs fois, pendant la journée du lendemain, les chiens descendirent le canyon en donnant de la voix, mais se lancèrent à gauche sur la fausse piste que Carlson avait préparée pour eux, et leurs abois se perdirent au loin dans les gorges de la montagne. Pendant tout ce temps, nos hommes attendaient dans le refuge, les armes à la main ;