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ne nous faisait pas défaut au milieu de ces sombres conspirations. Nous endurions beaucoup de labeur et de souffrances, mais les vides de nos rangs étaient aussitôt comblés et nous allions toujours de l’avant, et parmi les coups et les contrecoups de la vie et de la mort nous trouvions le temps de rire et d’aimer. Il y avait parmi nous des artistes, des savants et des étudiants, des musiciens et des poètes ; dans ce terrier florissait une culture plus noble et plus raffinée que dans palais ou cités merveilleuses des oligarques. D’ailleurs, beaucoup de nos camarades s’employaient précisément à embellir ces palais et cités de rêve[1].

Nous n’étions pas non plus confinés dans notre refuge. Souvent, la nuit, pour prendre de l’exercice, nous parcourions la montagne à cheval, et nous nous servions pour cela des montures de Wickson. S’il savait combien de révolutionnaires ses bêtes ont transportés ! Nous organisions même des pique-niques dans des coins isolés que nous connaissions, où, arrivés avant l’aurore, nous restions tout le jour, pour ne repartir qu’à la tombée de la nuit. Nous nous

  1. Ce n’est pas une vantardise de la part d’Avis Everhard. La fine fleur du monde artistique et intellectuel était composée de révolutionnaires. À l’exception d’un petit nombre de musiciens et de chanteurs et de quelques oligarques, tous les grands créateurs de l’époque, tous ceux dont les noms sont parvenus jusqu’à nous, appartenaient à la Révolution.