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lumière me permit d’examiner le visage d’Ernest. À part la pâleur résultant de son séjour en prison, il n’y avait pas de changement chez lui, ou du moins on n’en voyait guère. Il était toujours le même, mon amant, mon mari, mon héros. Cependant, une sorte d’ascétisme allongeait un peu les lignes de son visage. Cette expression de noblesse ne faisait d’ailleurs qu’affiner l’excès de vitalité tumultueuse qui avait toujours accentué ses traits. Peut-être était-il un peu plus grave que naguère, mais une lueur rieuse scintillait toujours dans ses yeux. Bien qu’il eût maigri d’une vingtaine de livres, il restait magnifiquement en forme. Il avait continué à exercer ses muscles pendant toute sa détention, et ils étaient de fer. En réalité, il était en meilleure condition qu’à son entrée en captivité. Des heures passèrent avant que sa tête se posât sur l’oreiller et qu’il s’endormit sous mes caresses. Pour moi, je ne pus fermer l’œil. J’étais trop heureuse, et je n’avais pas partagé les fatigues de son évasion et de sa course à cheval.

Pendant qu’Ernest dormait, je changeai de vêtements, j’arrangeai ma coiffure autrement, je repris ma personnalité nouvelle et automatique. Quand Biedenbach et les autres camarades s’éveillèrent, ils m’aidèrent à organiser un petit complot. Tout était prêt, et nous étions dans la petite chambre souterraine qui servait de cuisine et de salle à manger, lorsque Ernest ouvrit la