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dans le Michigan, sur la rive du lac opposée à Chicago, juste au moment où venait de se terminer le jugement d’un espion. La sentence de mort avait été prononcée, et l’on emmenait le condamné. À peine nous avait-il aperçus que le malheureux s’arracha aux mains de ses gardiens et se précipita à mes pieds, embrassant mes genoux comme dans un étau et implorant ma pitié dans un accès de délire. Quand il leva vers moi sa figure épouvantée, je reconnus Joseph Hurd. De toutes les choses terribles que j’ai vues, aucune ne m’a éprouvée comme le spectacle de cette créature affolée demandant grâce. Follement attachée à la vie, il se cramponnait pitoyablement à moi malgré les efforts d’une douzaine de camarades. Et lorsqu’enfin on l’entraîna après lui avoir fait lâcher prise, je glissai à terre évanouie. Il est moins pénible de voir mourir des hommes braves que d’entendre un lâche implorer la vie.

    les visiteurs peuvent actuellement parcourir son labyrinthe de corridors jusqu’à la salle de réunion, où sans doute se passa la scène décrite par Avis Everhard. Plus loin se trouvent les cellules où étaient enfermés les prisonniers et la chambre de mort où avaient lieu les exécutions ; plus loin encore est le cimetière, ensemble de longues et tortueuses galeries creusées en plein roc ; de chaque côté s’étagent des alvéoles où reposent les révolutionnaires déposés là par leurs camarades depuis tant d’années.