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Mais revenons à Peter Donnelly et à son fils. Tout alla bien pour le père jusqu’au jour où, dans le lot d’exécutions que le sort lui avait attribuées, il trouva le nom de son propre enfant. C’est alors que se réveilla l’esprit de famille qu’il possédait jadis à un si haut degré. Pour sauver son fils il trahit ses camarades. Ses plans furent en partie contrecarrés, mais néanmoins une douzaine des Rouges de Frisco furent exécutés, et le Groupe presque anéanti. En représailles, les survivants donnèrent à Donnelly la fin que méritait sa trahison.

Son fils ne lui survécut pas longtemps. Les Rouges de Frisco s’engagèrent par serment à l’exécuter. L’Oligarchie fit tous ses efforts pour le sauver. Il fut transféré d’une partie du pays à une autre. Trois des Rouges perdirent la vie en vains efforts pour l’avoir. Le groupe ne se composait que d’hommes. À la fin, ils eurent recours à une femme, à une de nos camarades, qui n’était autre qu’Anna Roylston. Notre cercle intime lui défendit d’accepter cette mission, mais elle avait toujours eu une volonté à elle et dédaignait toute discipline. En outre, elle avait du génie et attirait l’affection, si bien que l’on ne pouvait en venir à bout d’aucune manière. Elle formait une classe par elle-même et ne répondait à aucun type de révolutionnaire.

Malgré notre refus de lui permettre cet acte, elle persista à vouloir l’accomplir. Or, Anna Roylston était une créature tout à fait sédui-